
La semaine de l’art abstrait – Écrit dans la pierre
Nous vivons une époque précaire. Nos sociétés évoluent, même si cela n’a rien de nouveau. Mais le QI de notre planète change également. Heureusement, nous en savons beaucoup sur les différentes manières dont la planète a changé dans le passé. Une grande partie de ces connaissances nous proviennent des archives géologiques. Depuis la nuit des temps, des roches se sont soulevées du cœur de la planète, sont tombées sur nous depuis l’espace, ont été usées, formées, réduites en poussière et reconstituées, encore et encore. Les histoires de l'ascension et de la chute de chacune de nos époques passées, ainsi que des indices sur nos possibles futures, sont tout autour de nous, écrites dans la pierre. Ces roches qui nous entourent et nous soutiennent décrivent-elles un monde rempli de dangers constants, ou un monde défini par une résilience sans fin ? Cela dépend peut-être de votre point de vue. Voici cinq expositions d'art abstrait en cours qui peuvent éventuellement aider à répondre à cette question, car elles présentent le travail d'artistes qui utilisent des médiums géologiques afin d'explorer les messages, les mystères et les significations qui nous entourent, dans la pierre.
Rodrigo Braga, Mer Intérieure, Palais de Tokyo, Paris
À voir jusqu'au 18 décembre 2016
L'artiste brésilien Rodrigo Braga est connu pour ses photographies et films saisissants documentant ses performances, qui abordent les réalités douloureuses de la lutte entre la nature et l'humanité. Cette exposition, qui se clôture dimanche, est sa première exposition personnelle en France. Il s’agit d’une installation extérieure monumentale à l’intérieur d’un bassin ornemental. Pour cette pièce, Braga a collecté des roches calcaires préhistoriques provenant de carrières utilisées pour construire de nombreux bâtiments parisiens familiers. Les roches contiennent des restes fossiles d’un écosystème autrefois prospère qui a survécu dans la vaste mer intérieure qui recouvrait Paris il y a 45 millions d’années.
Olafur Eliasson : La présence de l'absence, neugeriemschneider, Berlin
À voir jusqu'au 14 janvier 2017
Au centre de cette exposition se trouvent deux grands blocs de béton, remarquables par les espaces vides et irréguliers qui y sont creusés. Pour créer ces œuvres, l'artiste dano-islandais Olafur Eliasson a collecté de la glace sur la calotte glaciaire du Groenland et a coulé les blocs de glace dans le béton. En l’espace d’un mois, la glace a fondu dans les enveloppes en béton, fissurant et érodant les espaces caverneux qu’elles contenaient. La glace disparue ne peut désormais être affrontée qu’à travers le vide qu’elle a laissé derrière elle.
Olafur Eliasson - La présence de l'absence, vue d'installation, neugerriemschneider, Berlin, 2016, photo de Jens Ziehe
Exposition de jardins, König Galerie, Berlin
À voir jusqu'au 30 septembre 2017
Cette exposition transforme l'ancien jardin de l'église Sainte-Agnès de Berlin en un lieu de découverte esthétique contemporaine. Conçu à l'origine par la Royal Garden Academy, le jardin est désormais occupé par de nouvelles sculptures en pierre, métal, bois et verre d'Alicja Kwade, Katharina Grosse, Elmgreen & Dragset, Michael Sailstorfer, Jeppe Hein, David Zink Yi, Erwin Wurm et Tatiana Trouvé.
Gardenshow à la Konig Galerie, Berlin, 2016, crédits photo de la Konig Galerie
Kishio Suga, Lui : Chelsea, New York
À voir jusqu'au 29 juillet 2017
Membre fondateur du mouvement Mona Ha au Japon dans les années 1960 et 1970, Kishio Suga a consacré sa carrière à étudier la relation entre les matériaux des mondes naturels et industrialisés. En plus de plusieurs nouvelles œuvres créées spécialement pour cette exposition, Suga a recréé son installation de 1973 Placement of Condition, qui présente un assortiment de monolithes de pierre en équilibre précaire. Il s'agit de sa première exposition personnelle dans un musée aux États-Unis.
Kishio Suga - Law of Halted Space, 2016, NYC, crédits photo de l'artiste, photo par Bill Jacobson Studio, NY
Cinthia Marcelle, Education by Stone (2016), MoMA PS1, Long Island City, New York
À voir jusqu'au 5 mars 2017
L'artiste brésilienne Cinthia Marcelle est connue pour ses interventions, ses interactions planifiées avec le monde ordinaire sans méfiance, conçues pour aboutir à des phénomènes esthétiques inattendus, qu'elle photographie et filme. Elle est également connue pour ses installations et ses environnements qui abordent avec poésie les actions et les artefacts de l'activité humaine. Pour cette installation, elle a comblé à la craie la multitude de fissures et de fissures dans les murs de briques de la galerie, un ancien espace pédagogique.
Cinthia Marcelle - Education by Stone, 2016, MoMA PS1, Long Island City, New York, crédits photo du MoMA PS1
Image de couverture : Rodrigo Braga - Mer intérieure (détail), Palais de Tokyo, Paris, crédits photo du Palais de Tokyo
Par Phillip Barcio