
La semaine de l’art abstrait – Voyageurs de l’espace
La semaine dernière, le monde a perdu l’artiste et architecte visionnaire Zaha Hadid. Né le 31 octobre 1950 à Bagdad, en Irak, et décédé le 31 mars 2016 à Miami, en Floride, Hadid avait 65 ans. Elle a laissé derrière elle une œuvre qui la définit comme un maître de l’architecture déconstructiviste. Chacun de ses bâtiments est une forme nouvelle, quelque chose d'incomparable. Il n’y avait pas la moindre trace de cynisme ou de paresse dans le travail de Hadid, juste une vision, un optimisme et un dévouement suprême à l’acte créatif. En sa mémoire, cette semaine, nous nous penchons sur l'intersection de l'art et de l'espace.
Le monde est un sphéroïde oblat
Ne dites pas que quelque chose est rond à moins que ce ne soit un cercle parfait. La spécificité définit l'espace. Mais il y a une certaine marge de manœuvre lorsqu’il s’agit de donner un sens à un espace. Le Metropolitan Museum of Art de New York tire depuis longtemps son sens de sa concentration intentionnellement forte sur l’art classique. Les visiteurs réguliers de l'emplacement du Met sur la 5e Avenue obtiennent tout sauf une ambiance contemporaine de l'espace. Mais récemment, le Met a acquis un nouvel espace ; l'ancien bâtiment Whitney conçu par Marcel Breuer sur Madison Avenue.
La signification de l’espace Breuer n’est décidément pas remplie. Quarante-huit années de programmation contemporaine du Whitney ont donné à l’espace un sens si puissant que le fait qu’un autre musée l’habite soudainement équivaut à un corps arraché. Il s’agit d’une occasion fascinante de constater quel pouvoir, le cas échéant, possède un espace pour affirmer sa personnalité. La signification actuelle du bâtiment Breuer aidera-t-elle le Met à développer une réputation de destination pour l'art contemporain ? Ou la signification actuelle du Met modifiera-t-elle la signification du bâtiment Breuer, en en faisant simplement un autre débouché pour la programmation classique du Met ? Nous sommes ravis de le découvrir.
Antonio Calderara- Z&L, 1960, Huile sur panneau, 46 x 46 cm.
Architecture virtuelle
Quelle signification ont les espaces numériques du monde ? Les concepteurs Internet sont-ils confrontés à des questions de contexte culturel lorsqu'ils créent des lieux d'interaction en ligne ? La semaine dernière, une communauté Web créative a lancé un défi aux concepteurs numériques : trouver des moyens de combiner les beaux-arts et les jeux vidéo. Ils ont reçu un déluge de soumissions Frankensteiniennes, comme une version inspirée de René Magritte de Space Invaders et M.C. Escher Donkey Kong. La soumission la plus populaire était de loin celle de Piet Mondrian Pong. Quelles sont les implications de prendre des peintures bidimensionnelles, de les transférer dans la quasi-réalité multidimensionnelle d'Internet et de s'approprier ensuite la combinaison résultante au nom du monde du jeu vidéo ? Quel est ce nouvel espace ? Quel est le sens de ce qui s’y passe ? Plus important encore, où est le pointillisme Pac-Man ?
Thornton Willis - Enjamber, passer en dessous et à travers, 2016, Huile sur toile, 70 x 61 po
Mettez vos lunettes 2D maintenant
Peut-être sommes-nous primitifs, mais l’un de nos espaces préférés pour chercher du sens reste la bonne vieille deuxième dimension. Voici trois expositions en cours de peintures abstraites bidimensionnelles se déroulant dans des espaces tridimensionnels que nous espérons que vous visiterez.
Une enquête sur le travail du peintre abstrait d'origine russe Serge Poliakoff a été inaugurée la semaine dernière à la galerie Cheim & Reid de New York. Poliakoff a quitté la Russie pour la France, devenant finalement une voix de premier plan dans la future École de Paris. Cette exposition se déroule jusqu'au 30 avril 2016 et comprend 26 œuvres de Poliakoff.
Également à New York, une exposition des nouvelles œuvres de Thornton Willis, à la galerie Elizabeth Harris. Willis est un expressionniste abstrait de troisième génération. Le communiqué de presse de l’exposition déclare : « Willis nous présente une avancée majeure dans sa capacité à créer et à représenter l’espace-temps comme le véritable support dans lequel nous vivons la vie. » Cela nous convient parfaitement. Cette exposition se déroule jusqu'au 7 mai 2016.
Enfin, le 15 avril, au M&L Fine Art de Londres, sera inaugurée une exposition du minimaliste italien Antonio Calderara. Initialement peintre figuratif, Calderara a réduit son langage visuel dans le but de simplifier le chaos et d'exprimer l'espace et la lumière en termes précis et ordonnés. Quatorze tableaux de Calderara, datés de 1960 à 1975, seront exposés au M&L jusqu'au 3 juin 2016.
Image à la une : Serge Poliakoff - Jaune et vert, 1961, Gouache sur papier, 47 x 61 cm.