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Article: Pourquoi Françoise Sullivan était essentielle à la scène artistique québécoise

Why Francoise Sullivan Was Essential for the Quebec Art Scene

Pourquoi Françoise Sullivan était essentielle à la scène artistique québécoise

Une rétrospective Françoise Sullivan est actuellement en tournée au Canada pour célébrer le 70e anniversaire de la publication de Refus Global, le manifeste artistique le plus important de l’histoire du Canada. La rétrospective a été inaugurée au Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) en octobre et se rendra ensuite dans plusieurs autres villes canadiennes. Il présente plus de 50 œuvres de Sullivan datant des années 1940 à nos jours, notamment des sculptures, des peintures, des photographies et certaines performances live. À 93 ans, Sullivan est le dernier membre survivant des Automatistes, le collectif artistique de 16 membres cosigné par Refus Global. Le manifeste rejetait les traditions canadiennes du milieu du siècle, qui, selon les signataires, maintenaient la culture au point mort et créaient une résistance à l'art abstrait. Le texte disait en partie : « Place à la magie ! Place aux mystères objectifs ! Place à l'amour ! Place au nécessaire ! L'acte passionné se libère, par son dynamisme même. Nous assumons volontiers l’entière responsabilité de demain. Les passions façonnent l’avenir de manière spontanée, imprévisible et nécessaire. Lorsque Refus Global a été publié pour la première fois, il a choqué la classe dirigeante canadienne avec ses déclarations franches contre l'Église chrétienne et d'autres pouvoirs autoritaires. La réaction fut si forte au début que Les Automatistes devinrent des parias sociaux. Pourtant, en seulement 12 ans, leur manifeste allait contribuer à déclencher la Révolution tranquille, la série de réformes sociales et politiques qui ont conduit à l’indépendance du Canada et à l’établissement d’une culture canadienne libre et moderne. Ces artistes sont si vénérés aujourd'hui que le nom du grand prix que le Canada décerne aux artistes est le Prix Paul Émile Borduas, du nom de l'auteur principal de Refus Global. Quant à Sullivan, la rétrospective en cours au MAC prouve qu'elle a mérité sa place non seulement en tant que révolutionnaire culturelle mais aussi en tant que membre des plus hauts échelons de la culture canadienne. Toujours active dans son atelier aujourd'hui, elle n'a jamais cessé de prendre au sérieux les intentions passionnées des Automatistes, réinventant à plusieurs reprises sa pratique et s'efforçant de comprendre les mystères complexes de l'art abstrait.

Peindre avec des pensées

Sullivan était une peintre frustrée lorsqu'elle obtint son diplôme de l'École des beaux-arts en 1945. Elle peignait des imitations fauves et s'efforçait de comprendre l'abstraction. Mais comme les autres artistes des Automatistes, elle croyait que sa véritable libération créatrice ne pouvait être trouvée que dans l'automatisme, tel qu'enseigné par les surréalistes. Comme elle avait tant de mal à trouver sa voix authentique à travers la peinture, elle décide plutôt de se tourner vers la danse, mais il n'existe pas une seule école de danse moderne au Québec à l'époque, alors elle déménage à New York et y étudie la danse. Cette expérience a finalement doté Sullivan de la connexion avec sa conscience intérieure qu'elle recherchait depuis longtemps. Elle a décrit le lien que la danse lui a donné avec l’abstraction comme une « peinture de pensées ». En 1947, elle revient à Montréal et ouvre sa propre école de danse moderne, apprenant à ses élèves à être expérimentaux, intuitifs et à s'ouvrir aux traditions multiculturelles.

Françoise Sullivan ronde

Françoise Sullivan - Tondo VIII, 1980. Collection of the Musée national des beaux-arts du Québec, Purchase (1984.13). Photo: MNBAQ, Pierre Charrier © Françoise Sullivan / SODRAC (2018)

Peu après l'ouverture de son école, Sullivan a eu l'idée de créer une série de danses improvisées basées sur les quatre saisons. Elle a recruté deux artistes de Les Automatistes pour l'aider. Jean-Paul Riopelle filmerait les danses, et Maurice Perron prendrait des photographies. On ne sait pas si elle a terminé les quatre danses. Les seules images survivantes sont des photographies que Perron a prises de la danse d'hiver, intitulée "Danse dans la neige (Dance in the Snow)." En plus d'enseigner et d'improviser, Sullivan a chorégraphié un certain nombre de danses modernes et les a interprétées à Montréal. Elles ont reçu des critiques de la part des universitaires, mais ont suscité des critiques élogieuses de la part des publics avant-gardistes. En 1948, Sullivan était si respectée dans les cercles intellectuels en tant qu'autorité sur la danse moderne que lorsque les 400 premiers exemplaires de Refus Global ont été initialement vendus à la Librairie Tranquille, une librairie contre-culturelle, ils comprenaient un essai écrit par Sullivan intitulé "La danse et l’espoir" (Dance and Hope). Il décrivait le potentiel de la danse moderne à agir comme un moyen idéal pour "l'expression spontanée d'une émotion intense."

Francoise Sullivan Chute en rouge

Françoise Sullivan - Chute en rouge, 1966. Painted steel, 210.5 x 127 x 52 cm. Collection of the Musée d’art contemporain de Montréal. © Françoise Sullivan / SODRAC (2018). Photo: Guy l'Heureux

Réinvention continue

Sullivan a prospéré dans le milieu de la danse pendant plus d'une décennie, mais à la fin des années 1950, en tant que mère célibataire de quatre enfants, elle a décidé que les exigences de la vie d'interprète ne convenaient plus à ses objectifs. Formée pendant quelques années au soudage du métal, elle se réinvente en tant que sculpteur. Pour elle, les principes de la sculpture n’étaient pas si différents de ceux de la danse. Comme Sullivan l’a récemment déclaré à Jim Burke du Montreal Gazette, « la sculpture est pour moi le même élan créatif », car elle se manifeste « en trois dimensions, comme la danse ». Elle remporte le Prix du Québec 1963 pour sa sculpture « Concentric Fall » (1962), qui présente un assemblage lyrique de disques métalliques circulaires s'enroulant organiquement autour de trois formes géométriques. Cette pièce constitue la base de plusieurs commandes publiques à grande échelle qu'elle a réalisées et installées partout au Canada, qui utilisent des éléments de composition similaires tels que des disques métalliques, des formes géométriques et des trous circulaires dans l'espace.

Françoise Sullivan Spirale

Françoise Sullivan - Spirale, 1969. Plexiglas. 65,5 x 31 x 35,4 cm. Collection of the Musée d’art contemporain de Montréal. Photo : Richard-Max Tremblay © Françoise Sullivan / SODRAC (2018)

Après des décennies en tant que sculptrice à succès, Sullivan est revenue dans les années 1990 au médium qu'elle avait quitté en 1945 : la peinture abstraite. Cette fois-ci, elle a trouvé sa véritable voix picturale. En fait, le moment le plus époustouflant de sa rétrospective au MAC est une installation de quatre grandes peintures monochromatiques rouges intitulées “Rouge nos 3, 5, 6, 2” (1997). Les subtilités de ces peintures témoignent de l'effort long que Sullivan a fourni pour exprimer les qualités abstraites de l'existence humaine. À première vue, elles se ressemblent toutes les quatre – la même teinte, la même taille. Mais leur similitude est une illusion. Comme chaque autre œuvre réalisée par Sullivan, elles sont des enregistrements de passion et d'instinct individuels. Des différences nuancées dans la qualité de surface, les marques de pinceau et la tonalité distinguent chacune des autres, enregistrant les innombrables décisions intuitives et éphémères que Sullivan a prises durant son processus. Dans l'esprit du mystère qui a longtemps défini sa relation à l'art abstrait, elles ne montrent pas ce qui rend la danse, la sculpture et la peinture différentes, mais ce qui les unit en un tout.

La rétrospective de Françoise Sullivan au MAC est visible jusqu'au 20 janvier 2018. Visitez le site du musée pour des informations sur la tournée.

Featured image: Françoise Sullivan - Hommage to Paterson [Hommage à Paterson], diptych, 2003. Acrylic on canvas. 137 x 226 in. Photo: Guy L'Heureux/Galerie Simon Blais. © Françoise Sullivan/SODRAC (2018)
Par Phillip Barcio

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